A la suite d’une étude scientifique particulièrement alarmante qui prouverait la dangerosité des OGM, un sondage Ifop a montré que 79 % des consommateurs étaient inquiets de la présence d'OGM dans leur alimentation. Cela confirme la position des consommateurs européens qui, à une très large majorité, disent depuis des années ne pas en vouloir dans leur alimentation, ce que la CLCV a rappelé à maintes reprises.

Dans le même temps, en France et à l’étranger, d’autres scientifiques expriment des critiques quant à la méthodologie employée et la validité des résultats publiés. Ils relancent ainsi la controverse sur les risques sanitaires des OGM.

Face à ces débats d’experts très techniques, souvent confus et où l’indépendance des uns comme des autres est en question, les consommateurs se trouvent totalement démunis et s’interrogent sur la sécurité de leur alimentation quotidienne ; ils ne peuvent pas comprendre comment des scientifiques de formation et expertise équivalentes peuvent arriver à des conclusions aussi radicalement différentes.

Ce climat d’inquiétude ne peut continuer et il est indispensable qu’une expertise approfondie soit diligentée. Le jour même de la publication des travaux en question, la CLCV a saisi les instances  officielles d’évaluation afin qu’elles se prononcent dans les meilleurs délais sur leur crédibilité scientifique.

Au-delà et plus fondamentalement, il nous paraît indispensable de disposer d’études conçues et réalisées dans un réel souci d’indépendance afin de sortir d’un affrontement stérile entre pro et anti OGM dont les consommateurs sont finalement les otages. Dès 1998, nous avions appelé la recherche publique à se saisir de ces questions. Malheureusement, quinze ans après, rien n’est réglé.

Il est plus que temps que les objectifs et les méthodes d’évaluation des OGM soient discutés dans un cadre élargi, et non dans le secret des laboratoires. Une expertise collégiale et contradictoire réunissant des scientifiques d’origine pluraliste et de toutes les disciplines requises est nécessaire. Quant aux expérimentations, elles devront répondre à une triple exigence de transparence, d’excellence scientifique et bien sûr d’indépendance.

A cet effet, nous demandons qu’elles soient confiées à des instituts de recherche ou des agences d’Etat. S’agissant du financement de ces travaux, nous renouvelons notre proposition d’instituer un fonds géré par les pouvoirs publics et abondé par des redevances payées par les firmes souhaitant commercialiser des OGM. Un tel dispositif permettra enfin d’assurer une étanchéité entre le financement et la réalisation d’études qui restent à l’heure actuelle sous la dépendance étroite des professionnels de l’agro-industrie ou de la grande distribution.

Cela doit déboucher sur une information fiable faisant état des consensus réels sur les certitudes pouvant être considérées comme acquises par tous en l’état des connaissances, et les incertitudes ou désaccords nécessitant un approfondissement. C’est la condition pour gagner la confiance des consommateurs.